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Les humeurs d'Annie

Les humeurs d'Annie
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24 janvier 2006

Quand on est fixé

Je m'appèle Annie. J'ai vingt ans et j'habite la superbe ville qu'est celle de Montréal, au Québec, Au canada... Nous sommes lundis, oups , je suis insomniaque alors nous sommes plutôt mardi...

Et je me sens fixée. Je sais d'orée à l'avenir où je m'en vais. Depuis une semaine, d'immenses choses ont changé dans ma vie, dans mon coeur et dans ma tête.

En décembre 2004, on m'annonçait que je faisais une rechute de mon cancer qui, évidemment, m'avait foudroyé au préalable à l'âge de 17 ans... "Joyeux Noël Annie !" me suis-je dit, sur un ton sarcastique... J'ai cru que ma vie était finie. En revenant de l'hôpital, seule, en direction de chez moi, je me rappèle avoir pensé à comment je désirais vivre mes derniers jours, ce que j'allais lègué et surtout à qui... Et puis y avait Marc-André, l'ami que je fréquentais et qui, en fin de compte, était beaucoup plus qu'un simple ami... Il m'aimait et je me disais toujours que le jour où je lui ferais mention de la réciprocité de la chose, ce serait un jour spécial, un moment mémorable... Me sentant en pleine forme mais me croyant au bord de l'agonie, je me suis dit que le soir de Noël serait le moment parfait pour lui déclarer mon amour... Le 24 décembre, à minuit, entre deux "Joyeux Noël" souhaités à des membres de sa famille, entre deux gorgées de bière qui venaient ajoutées à notre état d'ébriété non-négligeable, je lui ai dit que je l'aimais. Si ça faisait plus de six mois que nous nous fréquentions officieusement, ce "je t'aime" de fille pour le moins assez saoule a marqué le début officiel de notre relation...

Le 21 février 2005, je suis rentrée à l'hôpital pour recevoir (encore!) mon "premier" cycle de traitements de chimiothérapie. Cinq jours à me faire injecter de la mort aux rats dans les veines dans le but de tuer ce qui, autrement, voulait avoir ma peau... Cinq jours à pisser sans arrêts à cause de tous les putins de soluté... J'ai eu du plaisir malgré tout. Avec Marc-André...ça allait. Je l'aimais, oh ça oui, je l'aimais. Quand j'ai commencé à perdre ma chevelure, nous étions étendus dans mon lit, côte-à-côte, à arracher des mèches de cheveux tout en essayant de trouver la plus belle que l'on pourrait garder, attachée par un ruban... Bah, finalement, on les a toutes jetées...

Puis est venu le moment où Marc-André n'aimait plus venir me voir à l'hôpital. Puis le moment où Marc-André a commencé à douter qu'il m'aimait une semaine sur deux... Sitôt que je me mettais à pleurer, sitôt il m'aimait, comme par enchentement ... Je préférais ne rien voir. Puis les traitements de chimio ont finis par finir. C'était maintenant le temps, le 20 avril 2005, de m'exiler pendant un mois, en isolement dans une chambre d'hôpital de laquelle j'avais une vue imprenable sur un mur de béton, pour recevoir une auto-greffe de moelle osseuse. Les choses se sont bien passées, mais quelques jours avant ma sortie de l'hôpital, j'ai décidé de laisser Marc-André ! Comme il ne savait me prouver son amour alors que ma vie était en danger, alors qu'il ne s'apercevait pas à quel point j'avais besoin de lui, je me suis fait à l'idée de me battre pour moi et ma famille, et non pour lui...

Ma volonté de fer a vouloir me défaire de l'amour que je ressentais pour lui a fondu comme une glace au soleil lorsque ce dernier s'est mis à me courir après... Il disait qu'il ne voulait plus jamais me perdre, qu'il essaierait de rattraper toutes les erreurs qu'il avait commises... Ce n'est pas par pur hasard si plus d'hommes que de femmes se lancent en politique: ces bipèdes sont maîtres dans l'art de faire des promesses qu'ils ne tiendront, dans la plupart des cas, pas... Mais je lui ai laissé sa chance, je nous ai laissé une chance.

S'en ai suivi trois semaines de radiothérapie, en juin, puis la rémission ! Wouhou !!! C'était l'été (et l'été, au Québec, c'est le festival des terrasses et des soirées arrosées !). J'ai vite fait de me remettre sur pied, de reprendre mes projets (je suis une artiste) mais j'ai vite fait de nous plonger (Marc-André et moi) dans une mer de crises de nerfs interminable ! On s'engueulait tout le temps. Lorsqu'on ne s'engueulait pas, c'était soit parce que nous ne nous parlions pas (ben ouais), que nous étions saouls (et encore) ou que nous faisions l'amour (mais il y avait toujours possibilité qu'une chicane se déclenche par la suite alors ça s'annule). C'est devenu insupportable mais, putin, qu'est-ce que je l'aimais ce petit être centré sur lui-même !!!

La semaine dernière, en fait, le 17 et le 20 janvier, je devais aller passer des examens de contrôle à l'hôpital... J'avais très peur, pour une raison X, de faire une rechute. Ça aurait été dramatique...  À la vue de cette semaine qui s'annonçait haute en émotions et élevée niveau Facteur-Stress, je suis allée voir une voyante et un acupuncteur (dont je partagerai mon expérience avec vous sous peu). C'était si encourageant, les deux m'ont tant répétés de ne plus tenter de faire plaisir à tout le monde que, dans un instant d'irritabilité face à notre Marc-André nationale, j'ai décidé de mettre un terme à notre relation. Moi-même, je n'en revenais pas. Lui qui d'habitude m'accompagnait à mes rendez-vous de contrôle à l'hosto, je me devais de faire face à ma plus grande peur seule, bon enfin, avec mon père d'accord, mais l'homme que j'aime n'était pas à mes côtés...ne le serait plus, d'ailleurs.

Heureusement, que de bonnes nouvelles m'ont été annoncé suite à cette série de tests !!! J'étais si heureuse, je crois que je ne l'avais jamais autant été... Maintenant, nous sommes lundi, je suis en pleine santé, célibataire, pleine de projets... et je me dis que la vie n'est pas si moche que ça. Elle est même plutôt belle ! Malgré toutes les épreuves auxquelles nous nous devons de faire face, malgré toutes les décisions parfois difficiles mais ô combien nécessaires pour notre bien-être personnel (et aussi pour notre santé mentale..), la vie demeure belle... Et parfois, mieux vaut la vivre seule (et là je parle côté coeur car la solitude en générale est quelque chose qui m'attriste profondément pour ceux à qui le vivent) que mal accompagné. Non pas qu'il est méchant, ou encore salaud, ce Marc-André, mais il fallait se rendre à l'évidence: c'était terminé, peut-être depuis plus longtemps qu'on ne le croit mais, à présent, je suis fixée. Que de rêves et de projets en tête, sans avoir à dépenser d'énergie à trop aimer. Je suis en santé, je l'aime mais plus jamais je n'aurai à verser une larme pour lui. C'est le bonheur !

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